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Texte de Bernard Pednault
Sources : Différents sites Web dont Country Webzine, Histoire de la Country Music, Histoire de la Country Music Dance et Canadian Encyclopédia.
Source : Country Dance Magazine - www.eagles-stars.com
PREMIERE PARTIE
Introduction…
L’idée que l’on se fait de la Musique Country se limite bien souvent à quelques clichés, grands espaces, cow-boys, blondes platine et idéologie réactionnaire. La réalité recouvre une situation infiniment plus complexe. Musique préférée des blancs du sud des États-Unis, elle appartient à l’histoire américaine, traçant une ligne continue entre les pionniers et l’Amérique d’aujourd’hui. La Musique Country a évolué par étapes successives mêlant ses propres genres à d’autres cultures venues d’Europe ou d’Afrique, mais elle est également liée à la géographie de son pays. Pour ce qui est de la Danse Country, il est bien difficile d’ébaucher une histoire, même sommaire, alors que les visions, les interprétations, les avis divergent entre les pays, les organismes et les danseurs eux-mêmes. Pour l’Amérique profonde, la Danse Country est avant tout la danse en couple. C’est pourquoi, il serait bien audacieux de vouloir définir la Danse Country, tant la diversité des courants est grande. On peut donc dire, tout comme pour la Musique Country, qu’il n’y a donc pas "une" Danse Country mais de multiples courants qui intègrent de nombreuses spécificités venues des danses telles que valse, polka, mazurka, square, cuban... dont elles sont issues. Nous essaierons donc de couvrir ce phénomène qu’est devenue la Musique Country et par le fait même, l’évolution qu’a connue la Danse Country jusqu’à aujourd’hui.
La Musique Country… ses origines
Aux États-Unis…
Lorsque les immigrants anglais et irlandais s’installent dans le
massif des Appalaches, ils doivent affronter des conditions de vie rudes et
misérables. Le dimanche, on se retrouve à l’église pour prier, chanter des
cantiques et des airs traditionnels celtiques. Dans leurs montagnes, ces
trappeurs, bûcherons, fermiers ne sont guère touchés par l’autre musique
Américaine, issue du classique mais aussi de la variété de cabaret. En quittant
l’Europe, l’anglais avait apporté avec lui dans son bagage, son violon, c’est
cela que découvrira l’explorateur Cecil J. Sharp en 1916 : une tradition intacte
et quasi inaltérée. Il collecte environ 1700 ballades anglaises, écossaises et
irlandaises, qu’il annote et qui constitueront une documentation remarquable sur
les début de la Musique Country. Il découvre aux côtés de ces ballades
inchangées, des paroles qu’il emprunte désormais à la vie des Appalaches.
Stephen Foster s’inspire aussi des thèmes entendus lors de ses voyages, et
compose "Oh Susanna", interprétation qui a été reprise au cours des dernières
années par le groupe Yamboo . D’autres compositeurs dont George Cooper et James
Bland font de même et ont ainsi joué un rôle important dans la naissance d’un
folklore anglo-américain.
Mais l’Amérique s’industrialise très vite, et vers la fin de 19ème
siècle, l’exploitation du charbon dans les Appalaches commence. Pour cela, il
faut des routes, parfois des voies de chemin de fer. C’est ainsi que le massif
s’ouvre à la civilisation. Si beaucoup de blancs arrivent, attirés par l’argent
possible à faire, il y a aussi de nombreux noirs qui fuient leur condition de
vie (esclavage…). Pour les habitants déjà en place, le choc culturel est énorme,
car c’est la première fois qu‘ils voient des noirs. Ceux-ci amènent avec eux la
guitare (qu’ils avaient eux-mêmes repris aux Vaqueros Mexicains). Mais cet
instrument est difficile à fabriquer et coûteux. C’est ainsi qu’au début du 20ème
siècle se développe le banjo, car il a l’avantage d’être facile à fabriquer et
plus aisé à la fusion des Appalaches. La fin du 19ème et le début du
20ème siècle voient une nouvelle vague d’immigrants arriver. Ils
viennent d’Europe et amènent avec eux leur tradition : Italie (mandoline),
Tchèque et Polonais (valses, polka…). Parallèlement à tout cela, les îles Hawaii
sont annexées par les États-Unis en 1898, et attirent l’engouement de Américains
pour ce territoire. Là subsiste une guitare introduite par les Mexicains en
1830, mais dont les Hawaiiens modifient le jeu : à plat sur les genoux en
faisant glisser un tube de métal sur les cordes. Ce sont les spectacles
hawaiiens qui sillonnent les États-Unis depuis l’annexion en 1898, qui font
découvrir aux Américains leur musique et cette nouvelle guitare (nouvelle façon
aussi d’en jouer). Leur jeu est virtuose et rempli de swing, ce qui a pour effet
de stupéfier les Américains.C’est en 1915 que les premiers enregistrements de
musiciens hawaiiens sur le territoire américain se feront, et auront pour
conséquence de devenir un élément à part entière de la Musique Country.
Mais comment se faisait connaître la Musique Country, et comment évoluait-elle?
Une partie de la réponse se trouve dans les "tent shows". Ce sont des théâtres
ambulants qui circulent à travers tout le territoire à la fin du 19ème
et au début du 20ème siècle. Ces tournées de Vaudeville constituent
souvent l’unique attraction du village visité, et attirent par conséquent une
foule énorme. Ce sont les chanteurs de Vaudevilles qui feront connaître (en
partie) la Musique Country aux endroits les plus reculés, ce qui aura aussi pour
conséquence de démontrer aux habitants des Appalaches qu’ils peuvent vivre de
leur talent musical. C’est sur ce modèle qu’apparaîtront bientôt les premiers
"médecine shows", (spectacles ambulants qui ont pour but de vendre des remèdes
douteux…) et qui présentent des artistes locaux. Peu à peu, certains de ces
artistes acquièrent une certaine notoriété qui leur permet de s’exporter. C’est
ainsi que naît une musique commerciale appelée alors "Hillbilly Music" baptisée
ainsi par Al Hopkins lorsque descendu de ses Appalaches pour enregistrer ; le
producteur Ralph Peer lui demande quel style de musique il joue, il répond : «
we’re just a bunch of hillbilly from North Carolina and Virginia. Call it
anything you want ». C’est ainsi qu’est né le terme de "Hillbilly Music",
signifiant littéralement : musique des péquenots. Aux États-Unis, la Musique
Country connut sa première période de popularité à la fin des années 1920, comme
le montre le grand succès d’interprètes, tels que
Vernon Dalhart,
Jimmie Rodgers "The Singing Brakeman",
première vedette de la Musique Country qui influença
Wilf Carter et, surtout,
Hank Snow, la
Carter Family des États-Unis et plusieurs groupes instrumentaux.
Au Canada…
La Musique Country fut introduite auprès des auditoires
canadiens par la radio des États-Unis. Les premières émissions aux stations WBAP,
Fort Worth (à partir de 1923), WLS, Chicago (WLS Barn Dance, 1924) et WLS,
Nashville (Grand Ole Opry, 1925), tout comme celles, ultérieures, de l’influente
station WWVA, Wheeling, Virginie, furent entendues dans de nombreuses régions du
Canada. Les émissions de George Wade and His Cornhuskers à la station CFRB,
Toronto, en 1928, et de Don Messer à CFOB, Saint-Jean, N.-B., en 1929,
marquèrent bientôt les débuts de la Musique Country à la radio canadienne. Les
violoneux américains Eck Robertson et Henry Gilliand sont cités comme les
premiers interprètes Hillbilly des États-Unis à avoir enregistré en vue d’une
diffusion commerciale (Victor, 1922). Cependant, des instrumentistes
traditionnels canadiens français enregistrèrent dès 1918, tel le violoneux J. B.
Roy chez Victor. En 1925, Le catalogue Apex comportait déjà des 78 tours de
plusieurs musiciens traditionnels canadiens anglais dont le violoneux Percy
Scott, Dennis O’Hara et Jock McDonald, de même que Billy Russell, harmoniciste
et joueur d’ukulélé.
En 1932, Wilf Carter adopta le nouveau
style commercial et A. Hugh Joseph en fit l’enregistrement chez Canadian Victor.
Sa chanson "My Swiss Moonlight Lullabye" fut un succès national, le premier au
Canada gravé par un Canadien. Sa popularité incita Victor à enregistrer d’autres
Canadiens, notamment George Wade (1933), Hank
Snow (1936) et Hank Larivière (1941). Toutefois, le succès des disques
canadiens demeura limité à cause de la nature restreinte et mal définie du
marché au pays. Ainsi, durant de nombreuses années, la présentation individuelle
de spectacles et le travail à la radio demeurèrent les principales activités des
interprètes canadiens de Musique Country, notamment les groupes populaires au
niveau régional tels que les Gully Jumpers, Charlie Hannigan and His Montaineers,
Billy Hole and the Livewires à Toronto, Bert Anstice, qui se firent entendre sur
les ondes de la CCR à Montréal, et les Red River Mates d’Andy DeJarlis à
Winnipeg. Les Cornhuskers furent probablement le premier groupe country à faire
des tournées à l’échelle nationale, des Maritimes aux Prairies, durant les
années 1930.
Au Québec…
Cette popularité pour la Musique Country fut marquée par les premiers enregistrements, au milieu des années 1940, de Paul Brunelle et de Willie Lamothe. Elle était inspirée des styles des États-Unis plutôt que de la musique traditionnelle canadienne française et comportant un répertoire de chansons originales et de traductions de succès Américains. Les premières chansons de "La Bolduc" et du "soldat Roland Lebrun" montraient une certaine ressemblance avec le country au niveau du sentiment exprimé et des thèmes abordés. Dans "La Chanson Québécoise" (Montréal 1974), Benoit L’Herbier écrivait :… le succès du western au Québec s’explique aisément. Comme les Américains moyens, les Québécois, en majorité cultivateurs, habitant la campagne, près de la terre, éprouvaient les mêmes sentiments devant la vie, l’existence et le monde… Leur monde de simplicité pleura la disparition de "La Bolduc", s’attarda au "soldat Lebrun". Le western leur apparut comme une suite logique. D’ailleurs, les chansons de cow-boy possédaient les saveurs folkloriques, adaptées à un climat moderne. D’autres pionniers de la Musique Country au Québec dans les années 1940 et 1950 furent Bobby Hachey, Marcel Martel, Paul Ménard, Roger Miron, Ti-Blanc Richard et Oscar Thiffault. Plus tard, Lévis Bouliane, André Breton, Denis Champoux, Julie et Paul Daraîche, Armand Desrochers, Elaine, Régis Gagné, Georges Hamel, André Hébert, Marie King, Carole Laure, Renée Martel, Patrick Norman, Claude Patry, Larry Robichaud, Jerry et Jo’anne, Gildor Roy et Rock Voisine s’ajoutèrent au nombre des vedettes country. Le succès du "Festival Western de Saint-Tite ", établi près de Shawinigan en 1968, témoigne de la grande vogue de cette musique au Québec.
SECONDE PARTIE
Sa croissance en popularité et sa diversification de style…
Plusieurs facteurs contribuèrent à accroître la popularité de
cette musique aux États-Unis. Le bouleversement social causé par la dépression
des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale rapprocha les gens des divers
milieux et entraîna la fusion et le nivellement des goûts musicaux. On assista à
l’avènement des films de Hollywood mettant en vedette des "Cow-boys chantants"
comme Gene Autry,
Tex Ritter et
Roy Rogers, dont les styles étaient
intentionnellement modérés afin de plaire au public des villes. Enfin, les
auteurs compositeurs de "Tin Pan Alley" adoptèrent certains procédés
superficiels de la Musique Country. Le Canada suivit ces tendances, pour les
maintenir jusqu’aux années 1950. Elles furent marquées par la popularité
persistante des Carter,
Snow et Earl Heywood », de même que par
l’émergence, entre la fin des années 1930 et le début des années1950 de nouveaux
interprètes, notamment les Bunkhouse Boys, les Hillbilly Jewels (incluant Joe
Brown, plus tard le patriarche de la Family Brown) et
Tex Cochrane dans les Maritimes, Sid
Plamondor and His Western Pals en Ontario, les Happy Wanderers, Cammie Howard
and His Western Five et Mac Beattie à Ottawa, ainsi que plusieurs autres.
Plusieurs des principaux violoneux du Canada commencèrent également leur
carrière à cette époque.
Ailleurs au pays, les Provinces Maritimes incluant Terre-Neuve ont eu une
Musique Country semblablement autosuffisante. Beaucoup des exécutants
s’inspirent, pour leurs chansons, de sujets locaux et de traditions folkloriques
régionales, de même que de l’oeuvre d’autres artistes country de l’Est du
Canada. Parmi ceux-ci, on note Omar Blondah (Terre-Neuve) et Charlie MacKinnon (Cap-Breton).
Quelques interprètes de l’Est canadien des années 1970, Stompin’ Tom Connors,
Harry Hibbs, Dick Nolan, Roy Payne, Michael T. Wall et d’autres ont misé sur
leurs origines et ont connu une grande popularité dans les autres provinces, là
où des émigrants de l’est du Canada étaient venus s’établir, en particulier à
Toronto.
Après son déclin en popularité au milieu des années 1950 en partie à cause de la
montée du rock ‘n’ roll, la Musique Country reprit du terrain au cours des
années 1960, en s’appropriant des éléments d’autres styles populaires. Plusieurs
artistes au Canada, tels Tommy Hunter, les Mercey Brothers,
Stu Phillips, les Rhytm Pals et
plusieurs autres abandonnèrent l’accompagnement traditionnel, en faveur d’un
autre plus sophistiqué et d’un style vocal country moins caractéristique.
Réciproquement, John Allan Cameron, Shirley Eikhard, Rita MacNeil et
Anne Murray entre autres, qui n’étaient
pas identifiés spécifiquement au country, furent influencés par cette musique et
furent populaires auprès des auditoires country.
La fusion des chansons et de l’instrumentation country, avec les rythmes et
attitudes rock qui ont eu lieu à la fin des années 1960 dans la musique des
Byrds, de Poco et d’autres groupes Américains, fut annoncée par l’ensemble Great
Speckled Bird associé à Ian and Sylvia, et adoptée par la suite au Canada par
les Good Brothers, Ronnie Hawkins, Danny
Hooper, Murray McLauchlan, Sue Medley, Matt Minglewood, One Horse Blue, Colleen
Peterson, Prairie Oyster, Rock ‘n’ Horse et Jesse Winchester, pendant une partie
ou la totalité de leur carrière. Un important courant de Musique Country s’est
aussi manifesté tout au long des années 1970, 1980 et au début des années 1990
chez des artistes établis ou plus jeunes, tels que
Carroll Baker, Bootleg,
Marie Bottrell, Canadian Zephyr,
Glory-Anne, Terry Carisse, Errol Ranville, le C-Weed Band, Eddie Eastman, Family
Brown, Gary Fjellgaard, George Fox, Gilles Godard, Dallas Harms, le Midnite
Rodeo Band, Anne Murray, Chris Nielson,
Anita Perras, Ronnie Prophet, Donna Ramsey, Lee Roy, R. Harlan Smith, South
Mountain, David Thompson et Laura Vinson.
Beaucoup de chanteurs ou groupes des années 1980, dont Blue Rodeo, Ray Condo and
the Hard Rock Goners, les Cowboy Junkies, les Dots, Grevious Angels, Junior Gone
Wild, Rang Tango, les Razorbacks et surtout K.
D. Lang ont intégré de nouveaux éléments aux styles country traditionnels
ou, à l’inverse, des éléments country dans la musique rock et pop, tout en
présentant cette musique à un plus vaste public.
Lang a également participé au mouvement néo-traditionnaliste des années
1980, comme l’a fait le Great Western Orchestra
TROISIEME PARTIE
Old Time Music…
La venue du phonographe aura permis la propagation de la musique
aux États-Unis. Il a été commercialisé au début du 20ème siècle,
surtout dans les régions urbaines des États-Unis avant la Première Guerre
mondiale. La production de disques était donc essentiellement tournée à ce
moment-là vers le public urbain du nord, avec la musique classique, les opéras
et beaucoup d’airs à la mode. La guerre finie, le niveau de vie augmente.
Parallèlement à cela, le coût de production du phonographe diminue et permet la
fabrication en série de cet appareil, ce qui aura pour conséquence d’en
augmenter les ventes et par le fait- même la diffusion de la musique. Puis
apparaissent des maisons de disques qui deviendront vite très importantes. Tout
naturellement, celles-ci vont rechercher de nouveaux marchés, de nouvelles
musiques.
Vu le potentiel du Sud jugé très prometteur ainsi que la multiplication des
styles musicaux et des programmes que passent les radios locales, de nouvelles
possibilités vont s’ouvrir. Il faut savoir qu’en 1922, le Sud comptait déjà 500
stations de radios. Leurs émissions de radio étaient destinées essentiellement à
un public rural, dont le niveau de vie ne cessait d’augmenter; elles étaient
souvent faites dans des hangars ou des granges désaffectées et il n’était pas
rare que le samedi soir, les familles entières se réunissaient autour de la
radio afin d’écouter les musiques, ce qui multipliaient encore les possibilités
d’atteindre l’auditoire. La demande pour obtenir les disques des artistes
entendus à la radio se fait de plus en plus grande. Fort de ce succès, deux de
ces artistes qui avaient l’habitude de passer à la radio décident de tenter leur
chance à New-York en 1922. L’un s’appelle Eck Robertson (né en 1887 dans
l’Arkansas), l’autre s’appelle Henry Gilliand et est âgé de 74 ans. Ils gravent
6 titres les 30 juin et 1er juillet 1922 : 2 sont des duos de
violons, 2 des solos par Eck Robertson, et les 2 autres pièces sont jouées
accompagnées d’un pianiste de studio. C’est un an plus tard que la maison de
disque Victor décide de les
commercialiser sous forme de 78 tours : Sally Goodin et Arkansas Traveler.
Contre toute attente, le succès est tout à fait conséquent, et notamment bien
sûr, dans le sud Appalachiens. Involontairement, Eck Robertson et Henry Gilliand
venaient de graver sur disque les premiers morceaux de Musique Country. Suite à
leur succès, des découvreurs de talents partent dans le sud et enregistrent des
centaines d’artistes, à l’aide de studios mobiles qu’ils installent dans des
granges, des chambres d’hôtels, des boutiques de disques, ou bien avec l’aide de
studios de radios locales. Le centre naturel de cette nouvelle activité allait
vite être Nashville, seule ville d’importance dans le sud des Appalaches, et
lieu de rencontres économiques, commerciales et musicales.
Dès 1925, une station de radio de Nashville qui est financée par une compagnie
d’assurance, présente un programme hebdomadaire sur la musique Old Time. Cette
émission va atteindre rapidement une extrême popularité avec le présentateur
Georges D. Hay qui lui donnera le nom de "Grand Ole Opry", du nom de l’émission
qui suivait sur la musique classique. Le nom "Grand Ole Opry" restera
définitivement lié à cette émission. Dès 1932, George D. Hay organise sous des
chapiteaux, des spectacles au modèle de l‘émission de radio, et qui attirent
alors des foules gigantesques. C'est en 1941 que le "Grand Ole Opry" emménage au
"Ryman Auditorium". Cette année là, le réseau NBC rachète le réseau et diffuse
l’émission à travers tous les Etats-Unis. Au fil des ans, le "Grand Ole Opry"
devient une institution et un passage obligatoire pour des musiciens qui vont
ouvrir la voie au professionnalisme. Quelques-uns de ces premiers professionnels
qui enregistraient sans musiciens de studio, et dont l’oeuvre musicale est
aujourd’hui incontestable ont inspiré les générations suivantes. Ce sont entre
autres Jimmie Rodgers et la
Carter Family qui est composée de A. P.
Carter son épouse Sara ainsi que sa belle-soeur
Maybelle. Ce groupe interprète des ballades en chantant en harmonie derrière
un leader. Il ont un répertoire de plusieurs milliers de chansons, leur jeu de
guitare est des plus fluide et délié. Ce style de guitare appelé le "Carter
Style" utilise les cordes basses pour jouer les mélodies, tout en conservant le
rythme en brossant les cordes aiguës maintenues sur l’accord; c’est un des
facteurs déterminants du succès de la Carter
Family. Pour Jimmie Rodgers, il
apparaît en fait comme un chanteur de blues. Durant sa courte carrière, il grave
plus de 111 faces, dont la majorité sont des compositions personnelles tirées de
son expérience avec une prédominance pour le blues. Il est sans doute le premier
véritable soliste de cette musique. En effet, il a atteint une notoriété
nationale grâce à sa personnalité et son style de musique. Il a également créé
beaucoup de vocations dont celle de Gene Autry
et Hank Snow. Par ailleurs
Jimmie Rodgers a bouleversé totalement la
Musique Country; il l’a fait sortir du cocon montagnard Appalachien, personnifié
par le style Old Time et lui a donné son ampleur. Sa figure légendaire a suscité
un véritable culte et c’est à juste titre qu’il fut le premier artiste a avoir
été élu au Country Hall Of Fame en
1961 (musée à la gloire de la Musique Country). Il est reconnu et salué comme le
véritable fondateur de la Musique Country.
C’est au cours du 20ème siècle que l’ouest Américain se peuple
lentement au prix de nombreuses batailles avec les indiens. Cela donne bientôt
naissance à de petites villes. Ces grands espaces sont surtout peuplés par les
grands troupeaux de vaches que mènent les fameux cow-boys. Sur place, quelques
journaux relatent la vie locale souvent en amplifiant les faits, et dont
l’exactitude de ces derniers reste à prouver. Pourtant, c’est en vantant les
mérites de l’Ouest que bientôt tous les États-Unis, et même l’Europe entière se
passionneront pour le Far West. C’est là que l’image romantique et fantastique
du cow-boy est née. Cette image s’impose bientôt avec force dans la littérature,
le cinéma et aussi la musique. Bientôt, tout ce qui fait référence au Far West
connaît un succès populaire. Si pourtant la saga de l’ouest a bel et bien
existé, la musique western, celle avec les "Cow-boys chantant" n’a eu que peu de
temps pour se développer et ainsi donner naissance à un courant suffisamment
important. La musique western, qui s’est véritablement constituée dans les
années 1920 - 1930, s’est donc principalement appuyée sur l’authentique "Cow-boy
chantant". C‘est dans la solitude des cow-boys qui vivaient très durement et
précairement, qui avaient toujours le risque d’un danger physique, qui ne
dormaient pas assez et qui n’avaient aucune femme, que naissent les chants de
cow-boys. Ceux-ci sont basés à l’origine sur un poème écrit traitant de la vie
de l’ouest et paru dans un journal local, puis chanté par un cow-boy sur un air
du répertoire connu anglo-irlandais, qui transmet cela à ses compagnons, et qui
eux-mêmes, font de même… En fait, tous les thèmes étaient chantés sur les 4 ou 5
mêmes airs de base, sans accompagnement musical. Ces chants de cow-boy servaient
surtout à rompre la monotonie et la solitude avec soi-même, ce qui peut
expliquer qu’aucun cow-boy ne fut réellement bon chanteur et bon musicien. Si
l’on ajoute à cela la période des grands troupeaux, qui ne fut que très brève
(1875 – 1900), on comprend que l’héritage musical ne peut être que très pauvre.
Toutes ces ballades vont bientôt passer dans le répertoire de la Musique Country
par le biais des "Cow-boys chantant" du cinéma parlant. Ces westerns que
tournent de véritables Cow-boys, font voir au monde la vie de l’ouest. Mais si
ces acteurs sont de vrais Cow-boys, ce sont de bien piètres comédiens, et bien
souvent, on s’aperçoit que leur jeu est plutôt catastrophique. Pour masquer tout
cela en 1930, on décida de les faire chanter plutôt que parler, ceci dans le but
de cacher leurs défauts d’élocution. Le résultat est alors inattendu : le succès
est considérable. Le film est "The Wagon Master". L’un de ces célèbres chanteurs
est nul autre que Gene Autry, qui avait pris
la place du "Cow-boy chantant" dans un film, afin de cantonner ce dernier
uniquement aux scènes de bagarres et d’actions. D’autres célébrités sont :
Roy Rogers du groupe
Sons of The Pioners et
Patsy Montana avec le très célèbre "I Want
To Be A Cow-boy Sweetheart" en 1935. Mais dès 1945, avec l’évolution du cinéma,
des technologies, et le besoin de renouveau, le style s’étouffe peu à peu. C’est
en 1955 que Rex Allen devient le dernier
"Cow-boy chantant" du cinéma avec le film "Down Laredo Way".
Dans les années 1930, la musique montagnarde ne change presque pas mais poursuit
un approfondissement et un prolongement de la tradition Old time. Nashville et
le "Grand Ole Opry" se flattent de résister à la corruption de la Musique
Country. Vedette du "Grand Ole Opry", Roy Acuff
forme un petit orchestre, les Smokey Mountain Boys (Speckled et Wabash Cannon
Ball). En modernisant constamment son orchestre,
Roy Acuff a peu à peu joué un rôle de défenseur farouche de la
tradition montagnarde au "Ole Opry".
Au début des années 1940, c’est toute la musique traditionnelle Appalachienne
qui est en déclin. De plus, l’influence de la Musique Country d’origine
montagnarde se ressert géographiquement pour se situer autour de Nashville et
des États du Sud Appalachien. Face à cette situation, il devient de plus en plus
inévitable que la Musique Country s’ouvre aux autres sons modernes de la musique
du Sud Ouest pour qu’elle puisse survivre.
QUATRIEME PARTIE
Western Swing....
C’est dans les années 1930 qu’est né le Western Swing au Texas.
Un État alors relativement peu peuplé. Mais le pétrole change tout cela et
attire de nombreuses personnes dans ces lieux semi-désertiques, alors ouverts à
toutes sortes de musiques, mais surtout influencés par le jazz de la
Nouvelle-Orléans et la musique mexicaine. Il y avait bien le chant Cow-boy et la
tradition anglo-irlandaise, mais ils ne s’imposaient pas vraiment. Le Texas, de
par son exploitation pétrolière, se peuple rapidement jusqu’à la fin des années
1920. Les nouveaux habitants apportent avec eux la tradition de leur région,
notamment celle des orchestres à cordes des Appalaches, mais aussi les réunions
communautaires du samedi soir. Les Texans ont du mal à accepter la morale des
gens venus des Appalaches, ainsi que les danses où l’on ne se touche pas
vraiment. Ces réunions du samedi soir connaissent un très grand succès, de sorte
que les salles devenues trop petites, s’agrandissent au point tel que l’on
n’entend bientôt quasiment plus les orchestres jouer. Les orchestres eux aussi
s’agrandissent rapidement, y ajoutant des cuivres comme à la Nouvelle-Orléans,
une section rythmique basse, batterie, et ensuite des instruments électriques
empruntés au blues et au jazz. La musique texane des années 1930 sert surtout à
distraire et à faire danser, souvent sur des paroles absurdes et des jeux de
mots douteux. Cette musique dégage par-dessus tout un swing irrésistible, d’où
le nom qu’on lui a progressivement attribué. De nombreux artistes de Western
Swing ont également joué dans des westerns cinématographiques. Cependant le
Western Swing a ouvert la voie à tous les autres genres de la Musique Country,
dans laquelle on a introduit l’improvisation instrumentale. Il existe deux
phénomènes musicaux particuliers qu’il ne faut pas négliger. Il s’agit tout
d’abord de la musique cajun, qui se caractérise par une prédominance du folklore
français imbibé de blues noir et de violon Appalachien. À côté du traditionnel
violon, l’instrument privilégié de la musique cajun, il y a l’accordéon apporté
par les allemands au cours du XIXème siècle. La musique cajun va
incorporer à ses composantes d’autres éléments comme le Western Swing et le
Rythm 'n' Blues noir des années 40. Le second phénomène qui est très particulier
est celui de Woody Guthrie. Compositeur de
textes très "littéraires" chaleureux et généreux, il s’exprime dans la plus pure
tradition country. Son style de guitare est inspiré de
Maybelle Carter de la
Carter Family. Très fidèle à sa
personnalité, Woody Guthrie, restera en
marge de ce courant.
L’un des pères fondateurs de ce style n’est nul autre que le célèbre violoniste
Bob Wills, grand ami du père de
Lee Roy Parnell. Il y eu aussi
Milton Brown,
Bill Boyd, Spade Cooley. Cependant,
l’après-guerre sonne le déclin du Western Swing, avec entre autres l’arrivée des
Juke-Boxes, plus rentables que les grands orchestres de Western Swing qui
s’éteignent doucement dans les années 1950.
Les bouleversements de l’après-guerre, les doutes, les interrogations,
l’existence du sud rural prolétaire, l’incorporation massive des jeunes dans
l’armée vont influencer grandement la Musique Country. L’innocence et la naïveté
des thèmes des années 1930 laissent place progressivement à la nostalgie et à
l’amertume. C’est ce qu’explique dans sa chanson
Ted Daffan avec "Born To Lose" qui devient
un succès auprès des travailleurs sudistes. Ce morceau a été superbement repris
par LeAnn Rimes.
Dès lors, des sujets tabous, autrefois interdits dans la Musique Country y font
leur apparition : le divorce, l’alcool, l’infidélité, le tabac, la vie dissolue…
La morale d’hier est encore trop proche pour ne pas laisser de traces, cette
nouvelle vie est vécue comme une trahison, une débauche. C’est ainsi que peu à
peu, cette musique amère, désabusée et pessimiste devient prédominante dans le
country. Le lieu central d’action de ces chansons sont les bars miteux, les
Honky Tonk.
Après l’après-guerre, les grandes maisons de disques ont du mal à trouver les
goûts musicaux de l’auditoire. C’est dans ce flou artistique, alors que les
coûts de production et de fabrication de disques diminuent que les labels
indépendants voient le jour. Ils essaient dès lors d’occuper des créneaux peu
exploités par les majeurs. Ces musiques sont souvent le résultat du brassage de
populations minoritaires, c’est ainsi que de nouvelles compagnies indépendantes
vont donner le jour au Honky Tonk.
Honky Tonk....
Né vers les années 1940, le Honky Tonk prend ses racines dans la
grande crise de 1930 et dans le pessimisme prédominant de cette décennie. Le
Honky Tonk est le prolongement logique de la Musique Country dans son histoire.
En fait, il succède au Western Swing au fur et à mesure que la formule des
grands orchestres devient plus viable.
La formation d’un groupe de Honky Tonk est souvent la même : un chanteur
(souvent guitariste), une guitare électrique, un violon, un piano, une
contrebasse, une batterie et une steel guitare qui devient un instrument
prédominant à cette époque, et qui aujourd’hui reste encore un emblème du
country. Venu à l’origine du Texas, le Honky Tonk devient aussi la musique
préférée des Appalaches, ce qui est étonnant, puisque c’est la réunion d’un
style moderne et d’un style nettement plus traditionnel. A la fin de la guerre,
les groupes de Nashville s’inspirent énormément du style "jazz hot" qui vise à
faire danser. C’est le mélange du style Appalachien et de la musique de l’ouest
: Carl Smith,
Ernest Tubb (la chanson "Walking The Floor
Over You" connaît un énorme succès en 1942),
Merle Travis, Lefty Frizzell (repris
récemment par Merle Haggard avec "If You
Got The Money, I’ve Got Yhe Time" qui date de 1950),
Tennessee Ernie Ford…
Étant écrivain, dessinateur, compositeur, acteur de cinéma, chanteur et
guitariste Merle Travis devient un des
pionniers du Honky Tonk à partir de 1946. Il grave une série de pièces rythmées,
pleines de verve et d’humour "So Round, So Firm, So Fully Packed… ". Il a eu
beaucoup d’influence sur Chet Atkins et
Doc Watson ». En 1946
Hank Thompson débute dans le genre
Western Swing. Il devient vite une vedette du Honky Tonk avec "Wild Side Of
Life", car il a su adapter sa musique pleine de swing et d’humour aux nouveaux
courants de la Musique Country.
Le Honky Tonk était vraiment le mixage de tous les styles de country
d’avant-guerre, et a vu la synthèse de sa particularité au sommet, avec un
chanteur qui apparaissait comme un pur chanteur Honky Tonk; celui-ci a influencé
la plupart des musiciens actuels et j’ai nommé
Hank Williams. Ses chansons "Cold Cold
Heart", "Jambalaya", "Your Cheat’ Heart" ont été reprises par tous les grands de
la Musique Country, mais aussi par des gens comme
Ray Charles,
Elvis Presley, Tony Bennett... Il est mort
alcoolique à 29 ans alors qu’il était une superstar… Il sera élu au
Country Hall Of Fame en 1961 et il
se révèle comme une des figures emblématiques de la Musique Country.
Il apparaît alors de nouveaux artistes qui n’utilisent pas les sons jazzy du
Honky Tonk. C’est le cas par exemple de Slim
Whitman ou encore d’Hank Snow. Ce dernier
devenu vedette au "Grand Ole Opry" a toujours lutté contre la
sur-commercialisation de la Musique Country.
Parallèlement à cela se développe un courant féminin de la Musique Country. La
guerre, qui donne une autre place économique et sociale à la femme, provoque ce
changement. Ces solistes féminines se partagent dorénavant la vedette avec les
solistes masculins, alors que quelques années plus tôt, leur présence était
surtout à l’intérieur de groupes. Voici quelques exemples de "Honky Tonk Girls".
D’abord Kitty Wells, première grande vedette
féminine (qui a commencé en duo avec son mari
Johnnie Wright) ; elle s’impose en
solo en 1952 avec "It Wasn’t God That Made Honky Tonk Angels". Il y a aussi
Laverne Williamson qui mêle la tradition montagnarde aux rythmes du Honky Tonk.
En outre, Jean Shepard est considérée
comme le modèle féminin du Honky Tonk, alors que
Rose Maddox influencée par le Western Swing
va se distinguer par sa musique swingante qui la fera apparaître comme une
précurseur du Rockabilly.
Le Honky Tonk connaît un succès commercial sans précédent, les ventes atteignent
des sommets. De nos jours encore le Honky Tonk a toute sa place, et ce n’est pas
des artistes comme Heather Myles ou
bien même Alan Jackson sur bon nombre de
ses morceaux qui contrediront cet état de fait.
CINQUIEME PARTIE
Bluegrass…
Dans les années 1940 – 1950, le Honky Tonk est triomphant,
faisant même l’unanimité. C’est en partie en réaction à cette "débauche morale
et musicale" que Bill Monroe se présente
comme un fervent défenseur de la tradition montagnarde et de la musique Old
Time. Débutant dans les années 1930, mais n’émergeant réellement que dans les
années 1930 – 1940, le Bluegrass est à son heure de gloire dans les années 1940
à 1950. Utilisant des instruments traditionnels acoustiques,
Bill Monroe au doigté très rapide, et
Earl Scruggs développent la virtuosité du
jeu, notamment de la mandoline mais aussi du banjo, et surtout ces fameuses
harmonies vocales avec une justesse de chant impressionnante.
La particularité du Bluegrass est la succession de solistes, souvent virtuoses,
qui improvisent, choses reprises aux petites formations de jazz, mais avec les
instruments typiques du Bluegrass, tels que la mandoline, guitare, banjo,
contrebasse, dobro et violon. Si le Bluegrass se veut réactionnaire vis-à-vis du
Honky Tonk ou du Western Swing, il n’en est pas moins révolutionnaire dans le
jeu et l’originalité. Par ailleurs, le Bluegrass a pour objectif de redonner des
morales et de stopper les exagérations du Western Swing puis du Honky Tonk.
Bill Monroe se veut un défenseur de la
morale et de la tradition. Ce n’est pas pour rien qu’il se présentait en scène
avec un costume et un grand chapeau blanc.
De nos jours, et depuis la bande originale du film "O’Brother", le Bluegrass
fait un impressionnant retour en force. Bien que depuis son invention, il ne
soit jamais disparu, les années 2000 montrent un intérêt grandissant pour ce
retour aux racines. En effet, quel bonheur d’écouter des artistes actuels se
faire plaisir sur de la musique acoustique, tel qu’il y avait voilà 60 à 70 ans,
mais avec une qualité sonore de beaucoup supérieure.
Écoutez Patty Loveless faire des
prouesses vocales sur son album "Mountain Soul" sorti en 2001, ou bien encore
l’intégralité des DISCOGRAPHYs de Rhonda
Vincent et Alison Krauss, bien que
mélangeant Bluegrass et Folk, The Lynn Morris Band… ». Plus étonnant, des
artistes qui sortent de leur registre habituel et qui excellent dans un petit
morceau de Bluegrass. Garth Brooks avec "Don’t
Cross The River" sur son album "Scarecrow", mais aussi
Alan Jackson qui rend hommage à ZZ Top sur
le "tribute" "Sharp Dressed Men", et même
Travis Tritt qui fait la seconde voix sur certains morceaux de l’album de
Patty Loveless. La Compilation "O’Sister",
vous fera découvrir les meilleures artistes Bluegrass féminines d’aujourd’hui.
Mais n’hésitez pas non plus à vous plonger à la rencontre des grands d’hier,
tels les Lester Flatt,
Stanley Brothers.... Sachez que le
premier morceau enregistré par le "King Elvis" ne fut autre que "Blue Moon Of
Kentucky" de Bill Monroe et
Earl Scruggs.
Hillbilly Boogie…
Arrivant du Western Swing mais plus influencé par le gospel et
le blues, Moon Mullican va apporter une
nouvelle manière de jouer le piano sur un tempo original : le Boogie (Boogie
Woogie) : ce style s’appellera le Hillbilly Boogie (Hillbilly, en référence au
origine country).
Le Hillbilly Boogie a connu son heure de gloire dans la période 1940 – 1950 avec
la "guitar boogie" d’Arthur Smith; le
Hillbilly des Delmore Brothers va, avec
les oeuvres de Merle Travis et grâce à une
grande prédominance acoustique, jeter les bases de la musique moderne. On
s’accorde à dire aujourd’hui que le Hillbilly va donner naissance au Rockabilly,
au Rock ’n’ Roll et au Rythm ’n’ Blues : mais il n’est nul besoin de se rappeler
qu’un Bill Haley fut d’abord un chanteur de
Hillbilly Country.
Cette évolution est vraiment essentielle pour la Musique Country, car elle donne
ses racines à la Musique Country moderne appelée : la Country and Western.
Cajun…
Cette musique est née fin du 18ème siècle, mais fut
influencée tout au long de son histoire. La musique Cajun est un mélange de
genres musicaux et d’influences culturelles. Ses racines puisent dans le vieux
folklore français des Cajuns, mais s’entendent aussi dans la musique américaine,
amérindienne, allemande, espagnole et africaine.
Les colons français installés dans la province canadienne d’Acadie en 1604,
furent déportés par les Anglais au milieu du XVIIIème siècle,
trouvant refuge en Louisiane dans les marécages (Bayous) de la région de
Lafayette. La Louisiane devenant américaine en 1803, le peuple cajun maintint la
tradition musicale, l’instrument traditionnel était à l’origine le violon, mais
l’accordéon diatonique s’est vite imposé au début du 20ème siècle.
C’est en 1928 que les premiers disques de Musique Cajun furent enregistrés par
Joseph Falcon notamment les célèbres
"Lafayette" et "The Waltz".
À l’origine inspirée du folklore français, le Musique Cajun assimila
successivement les influences des cultures musicales avoisinantes, utilisant
outre l’accordéon, le fiddle du Western Swing ainsi que les rythmes du blues, du
rock de la Nouvelle-Orléans, mais en conservant dans le répertoire, des valses
et ballades. La Musique Cajun connaît deux styles : la Cajun proprement dit
(traditionnel) et le Zydeco (style "haricot") de
Clifton Chenier dont le célèbre "Joe Blon"
d’Harry Choates est reconnu comme un des
plus grands succès de la Musique Country. De nos jours, cette musique connaît un
véritable essor et fait partie intégrante des musiques régionales d’Amérique du
Nord. Il existe un nombre important d’artistes et d’interprètes de ce style
musical : Zacharie Richard, Alfonse Ardoin, Dennis McGee, Michael Doucet, Sady
Courville, Bee Deshotels, Wallace Read, Milton Molitor, Alex Broussard, Doc
Guidry et bien d’autres encore !
Mais la chanson la plus célèbre consacrée aux habitants des bayous est sûrement
"Jambalaya" de Hank Williams dont la
paternité des paroles fut également revendiquée par
Moon Mullican. Ce dernier fit un succès
avec "New Joe Blon".
Rockabilly…
C’est dans les années où la Musique Country semble la plus
prospère qu’elle connaît sa plus grande crise. C’est dans cette euphorie que la
Musique Country n’a pas vu venir la vague contestataire du Rockabilly. Les
termes "Rock" et "Roll" étaient usuellement employés par les chanteurs noirs
pour inviter à la danse. Mais une connotation érotique contenue dans un second
degré les avait fait bannir du vocabulaire des chanteurs blancs.
On sait que l’influence noire a été constante sur la Musique Country. Avec le
Honky Tonk, c’est toute la Musique Country qui est imbibée d’influences noires.
Dès lors, la Musique Country comprend de plus en plus de Boogie Woogie.
Arthur Smith,
Merle Travis,
Moon Mullican,
Hank Williams apparaissent comme les
précurseurs du Rockabilly.
En 1952, Alan Freed va plus loin en proposant un programme radiophonique de
musique rythmée du nom de "Moondog Rock and Roll Party" pour le public blanc,
avec une majorité de chanteurs noirs. Le succès sera tel qu’on donnera son nom à
cette nouvelle musique.
Pendant la même période, Bill Haley un
chanteur guitariste, fanatique de Western Swing et de Rythm 'n' Blues, connaît
une grande popularité. Avec "Rock Around The Clock" en 1954,
Bill Haley transforme son succès en un
véritable phénomène de société et fait du Rock ‘n’ Roll la musique des jeunes de
toute l’Amérique.
C’est sous l’impulsion de Sam Phillips, propriétaire de la
Sun Records, que ce nouveau genre de
musique va se faire connaître véritablement. Sam Phillips fasciné par le
"feeling" des chanteurs noirs se met à la recherche d’un jeune blanc qui serait
capable de faire de même. C’est au cours de l’été 1954 qu’il trouve l’homme
qu’il lui faut. Il s’agit d’un jeune camionneur, originaire de Tupelo,
Mississipi. Son nom Elvis Aaron Presley .
Il l’enregistra le 5 juillet 1954 en compagnie de
Bill Black (bassiste) et de Scooty Moore
(guitariste). C’est à ce jour précis que le Rockabilly est né, étant un emprunt
à la Musique Country et au blues noir, c’est à dire une synthèse du Hillbilly
Boogie et du Rock ‘n’ Roll qui avaient été popularisés par
Bill Haley et Alan Freed.
La voie est maintenant ouverte à cette nouvelle musique grâce à
Elvis Presley. Entre 1954 et 1958 le
Rockabilly domine la Musique Country, il est la concrétisation musicale de la
révolte d’une classe d’âge au sein de la société blanche du sud. Il y aura
également un impact sur les jeunes blancs du nord ainsi qu’en Europe. Le
Rockabilly ne connaîtra en fait qu’un bref âge d’or puisque dès 1957 –
1958 il se dissout de plus en plus dans le Rock ‘n’ Roll, en oubliant ses traits
caractéristiques. Sam Phillips restera une figure de la musique américaine
d’après-guerre et sera l’objet d’un culte parmi les amateurs.
La Musique Country pendant ce temps-là semble ne plus avoir existé puisque les
artistes les plus confirmés enregistrent des morceaux de Rockabilly. L’existence
du Rockabilly au sein de la Musique Country l’aura finalement obligée à se
renforcer, à se redéfinir et à s’adapter. En effet, de l’influence noire au
Western Swing, en passant par l’usage de la basse claquante et son rythme, les
ingrédients du Rockabilly ont presque tous existé dans la Musique Country avant
son émergence.
L’innovation du Rockabilly est son impact commercial ainsi que la sensualité
qu’il dégage. Comme ces éléments sont les caractéristiques des adolescents
sudistes, il était incontournable que la Musique Country les englobe tout comme
elle l’avait précédemment fait pour les autres innovations.
Quelques artistes qui ont marqué le Rockabilly.
Elvis Presley, avec la violence de son
phrasé, la sensualité de sa voix chaude et son jeu scénique et provocateur lui
ont assuré un succès phénoménal. "Jailhouse Rock", "Good Rockin’ Tonight",... En
outre, Johnny Cash, dans ses chansons, le
rythme est important; il est ponctué de solos de guitares électriques. Superbe
compositeur, il traitera parfois des problèmes de société. Il restait fidèle à
la musique de ses débuts. Pour ce qui est de
Jerry Lee Lewis, son répertoire, il l’emprunte aussi bien au Honky Tonk
qu’au Rythm 'n' Blues, mais il n’oublie pas d’apporter sa touche personnelle
indélébile. Il a su s’adapter au mouvement du Rockabilly, restant encore
aujourd’hui un nom important de la Musique Country.
On n’oubliera pas de citer Gene Vincent,
compositeur du célèbre "Be Bop a Lula". Par ailleurs,
Buddy Holly pratique une musique plus douce
et tranquille que les autres artistes, mais ceci n’empêche pas un rythme
effervescent. Wanda Jackson, Reine
incontestable du Rockabilly, elle a su se maintenir au premier plan de la
Musique Country au moyen de ballades "In The Middle Of Heartache" et d’une
reconversion au gospel.
La période de 1954 à 1958 demeure un des moments les plus créateurs de
l’histoire de la Musique Country. Face à la concurrence du Rockabilly, le monde
de la Musique Country réagit en s’engageant dans la voie de la commercialisation
à outrance, créant le "Nashville Sound".
SIXIEME PARTIE
Nashville sound…
Depuis toujours, le désir pour certains artistes de paraître
"urbain" ou encore, de coller le plus possible aux variétés américaines, était
en germe dans la Musique Country. Ce sentiment est très fort après-guerre;
l’immigration, l’industrialisation dans les villes du nord permettent aux
chanteurs d’atteindre un nouveau public, à priori rebuté par la musique
d’origine rurale.
Dès la fin de la guerre, nombre d’artistes sudistes ont commencé à adopter des
sonorités plus douces, commerciales, "easy listening" (faciles à écouter). Ceci
leur a valu d’ailleurs le surnom familier de "Country Crooners" , puisqu’ils
essayaient de faire concurrence aux vrais "crooners" comme Frank Sinatra ou
Frankie Laine. Les "Country Crooners" ont eu
un parcours traditionnel, mais la vie, les goûts personnels leur ont permis
d’élargir leur audience.
Le premier véritable "Country Crooner" est Eddy
Arnold. Il entreprend sa carrière en 1944 (de 1937 – 1944, il agit comme
chanteur de Pee Wee King). C’est en faisant
de nombreux efforts pour se débarrasser de son image rural (accent, jeu de
scène), et c’est en étant l’un des premiers à s’élancer dans un style urbain et
policé, qu’il pourra déborder amplement le public de la Musique Country.
Même si Clyde "Red" Foley a des racines
rurales plus ou moins prononcées, ses réels efforts lui ont permis d’être
considéré comme un "Country Crooner". Ce sont avec des pièces comme "Mississipi,
Midnight" qu’il a connu un gros succès, s’imposant ainsi comme le "Gentleman" de
la Musique Country.
S’investissant corps et âme dans la guitare,
Chet Atkins met au point un jeu à quatre doigts ultra sophistiqué et
complexe. Dès 1950, ce jeu de guitare lui permet d’enregistrer pour RCA. Son
talent incontesté lui permet de devenir l’accompagnateur le plus demandé au
"Grand Ole Opry". Pour l’ouverture d’un bureau permanent à Nashville, RCA
choisit naturellement Chet Atkins pour en
prendre la direction. Il rassemblera les musiciens, s’occupera des arrangements
et des séances. Il sera principalement entouré des mêmes musiciens de Nashville
dont : Hank Garland et
Grady Martin (tous deux guitaristes),
Floyd Cramer (pianiste), Bob Moore
(bassiste), Charlie McCoy (harmoniciste).
Ils deviendront les premiers musiciens de studio à Nashville. Une longue amitié
et une pratique musicale commune et ancienne leur permettent de constituer un
clan fraternel qui saura s’imposer à Nashville.
Ce "Nashville Sound" est une musique perfectionniste, élégante, légèrement
marquée par le jazz mais également décontractée et facile à écouter. Le
professionnalisme de ces musiciens vont leur assurer une omniprésence quasi
écrasante. Le succès commercial que Chet Atkins
recherche, il l’obtiendra avec Eddy Arnold.
Il poursuivra dans cette même voie, en capturant tout ce qui rappelle trop les
origines rurales de la Musique Country, renforçant ainsi le rythme avec une
double ligne de basses (contrebasse, basse électrique).
Face au Rock ‘n’ Roll Chet Atkins apparaît
comme le seul espoir de Nashville. Il décide alors de se lancer dans deux
directions. Tout d’abord, il accueillera tous les amateurs de variétés qui ne se
reconnaissent pas dans le Rock ‘n’ Roll. Puis, il récupéra les artistes du
Rockabilly. Il commercialise encore le "Nashville Sound" en y ajoutant des "violonades"
et le "choeur", au son sophistiqué de ses musiciens de studio.
En compagnie d’autres producteurs, Don Law,
Owen Bradley, de la chanteuse Anita Kerr
ainsi que de quelques musiciens de studio, Chet
Atkins impose définitivement le "Nashville Sound" au sein comme au dehors de
la Musique Country. Mais au cours des années 1960, la sur-commercialisation du
"Nashville Sound" finit par le transformer en une sorte de musique d’ambiance
aseptisée… c’est pourquoi Chet Atkins, lui
même, prônera un retour à la tradition.
Le "Nashville Sound" en donnant une teinte urbaine et policée à la Musique
Country, lui a donné aussi l’honorabilité que les hillbillies souhaitaient
eux-mêmes acquérir. Ceci explique sans nul doute le long succès des principaux
artistes du "Nashville Sound" comme : Jim
Reeves, Marty Robbins,
Patsy Cline,
Skeeter Davis, Connie Smith...
Entre le Rockabilly et le "Nashville Sound", le Honky Tonk a maintenu une
présence discrète mais réelle, grâce à des musiciens fidèles aux sources. Ce
nouvel Honky Tonk a incorporé quelques sonorités à la mode, celles du "Nashville
Sound" mais surtout celles du Rockabilly. Il délaissera le violon mais la steel
guitare atteindra une omniprésence générale. Ceci sera possible grâce à de
remarquables musiciens, tels que Pete Drake,
Lloyd Green,
Buddy Emmons,
Speedy West ou Ralph Mooney ».
Autour de ce Honky Tonk, irisé d’un soupçon de Rockabilly se formera un bloc
traditionaliste qui s’opposera au "Nashville Sound" et à tous ses excès. De 1958
à 1962, Ray Price s’imposera comme le tenant
de la tradition Honky Tonk avec "Crazy Arms", "City Light", "My Shoes Keep
Walking To You". George Jones, quant à
lui, fortement influencé par Hank Williams,
ne connaîtra le succès qu’au début des années 1960 à Nashville, où il apparaîtra
comme un défenseur farouche de la tradition Honky Tonk "The Window Up Above", "She
Thinks I Still Care", "Why Baby Why". Par ailleurs,
Red Sovine a créé un genre particulier de
la Musique Country, la chanson pour routiers, promus au rang de nouveaux
cow-boys sillonnant l’Amérique moderne. Son style est très rythmé, ancré dans le
Honky Tonk, avec de forts emprunts au Rockabilly "Giddyup 60", "Phantom 309",
"Teddy Bear". Johnny Horton est connu pour
"Honky Tonk Man Style", très proche du Rockabilly mais également pour ses sagas
historiques "Sink The Bismark", "North To Alaska", "Battle Of New Orleans".
Ces artistes et encore bien d’autres ont su démontrer par leur succès que la
Musique Country, soumise à l’électrochoc du Rockabilly puis à l’anesthésie du
"Nashville Sound" a réussi à conserver un important fond traditionnel qui se
révélera être une ressource importante à partir du milieu des années 1960.
Folk…
C’est dans les années 1920 – 1930 que ce phénomène prend ses
racines au sein de l’intelligentsia de New-York. Ce courant de pensée défend les
valeurs jugées fondamentales de l’Amérique : liberté, démocratie, autarcie
culturelle et économique… Ce phénomène attire de nombreux "Countrymen" dont
Woody Guthrie.
L’idéalisme de cette musique est défendu dans les universités du Nord. Le Folk
est une musique essentiellement acoustique qui devient un véritable moyen de
contestation de la société existante. Ses porte-parole sont : Bob Dylan,
Pete Seeger... Contradictoire, ce mouvement
prend ses racines dans la tradition sudiste et de l’Old Time Music qui
prêchaient une culture traditionaliste, conservatrice et ségrégationniste, ce
qui est un paradoxe, puisque par ce biais, les Dylan et autres réactionnaires
prônent l’antiraciste, l’idéologie progressiste… Mais ce que l’on peut dire,
c’est que le "Folk boom" a permis au Nord de s’ouvrir aux musiques du sud. C’est
ainsi que l’Old Time Music a réagi, c’est l’Old Time Revival dans les années
1960, avec Doc Watson; mais aussi le
Bluegrass avec le Newgrass. C’est pour ainsi dire, une période qui manque
d’identité.
The Outlaws…
C’est à la fin des années 1960, qu’en réaction au "Nashville
Sound" et contre les "Crooners" du "Country Pop" des années 1970 que naît ce
mouvement.
C’étaient des musiciens qui prétendaient faire leur propre country et être
indépendants du monde de Nashville du point de vue de l’écriture, de la
production et des arrangements de leur musique. Ce sont souvent des marginaux
qui n’entrent plus dans les valeurs du country, et qui bien souvent ont fait de
la prison, ont été alcooliques… Ils intéressent souvent plus le monde du Rock,
des hippies… Les plus connus d’entre eux sont :
Waylon Jennings,
Willie Nelson,
Kris Kristoferson... Bien qu’ils
renient la Musique Country de cette époque, ils n’hésitent pas à revendiquer
leurs influences country de cette même époque. Cela n’empêche pas un certain
succès, mais idéologiquement peu précis.
Heureusement, on s’achemine vers une période magnifique : "La New Country ".
La New Country…
Depuis le début des années 1980 et jusqu’à nos jours, la Musique
Country connaît un engouement considérable, devenant par là même, une industrie
fort rentable et prospère. Si comme on a pu le voir, chaque période de 20 à 30
ans a vu naître un style de country nouveau, tout en laissant la place aux
anciens, les années 80 marquent une nouvelle ère. En effet, il ne s’agit plus
là, véritablement d’un nouveau style, bien que le côté Country Rock se fasse une
place de plus en plus importante, mais d’une nouvelle façon de faire les choses.
Tous les styles de country ont été faits; maintenant, il s’agit d’élever le
niveau musical, la qualité du son, etc… Un même artiste peut très bien faire du
Bluegrass, du Country Rock, du Honky Tonk, à l’exemple de
Garth Brooks dans son album "Scarecrow" qui
réunit quasiment tous les styles de country existants. Cependant, un artiste
peut aussi rester dans un style précis, tout comme
Heater Myles pour le Honky Tonk. La
"New Country" est cette émergence de talents nouveaux qui, petit à petit
remplacent les stars de l’époque qui, malheureusement disparaissent les unes
après les autres, et qui arrivent avec un talent et un niveau musical bien
souvent supérieurs. C’est une période qui peut apparaître comme rassurante pour
la pérennité de la Musique country, car elle démontre que malgré les mouvements
des temps passés, la dureté qu’elle a subie et ses revers au cours de
l’histoire, elle a toujours su réapparaître et revenir sur le devant de la
scène, plus forte que jamais. Depuis le début des années 1980, la Musique
Country s’est étendue au monde entier, notamment en Australie, en Suisse et en
Allemagne, mais malheureusement guère en France, bien que la tendance ait l’air
de s’inverser…
Souvent critiquée par bien des gens, comme une musique facile et faite à la
chaîne, on s’aperçoit vite que cela n’est pas le cas, et bien au contraire, la
complexité de certains morceaux, de certaines productions laisserait rêveurs
bien des jazzmen. La Musique Country s’est beaucoup développée par le biais de
l’époque Folk des années 60 à 70, et bien souvent ces gens qui pensent connaître
ce qu’est la Musique Country, parce qu’ils connaissent deux artistes et demi
affirment que la "New Country" est mauvaise. Je leur dirai simplement : écoutez
les Alan Jackson,
Darryl Worley, en passant par
Trick Pony,
Randy Travis,
Travis Tritt,
Dixie Chicks et plusieurs autres; la
"New Country" atteint des sommets en qualité et en diversité.
Il est évident que vous trouverez l’artiste qui vous fera vibrer. Et encore,
cette année a vu apparaître des "newcomers", ces nouveaux artistes qui seront la
relève de demain, et qui n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs :
Joe Nichols, Kevin Denny... La Musique
Country est aussi une façon de vivre. Il faut bien souvent faire l’effort
d’aller au devant d’un nouvel artiste, d’écouter plusieurs fois un CD pour s’y
baigner complètement. La Musique Country est une musique culturelle qui
s’apprend. Cela demande des efforts, mais quel plaisir de savourer ces mélodies
légendaires qui nous ont tous fait rêver un jour ou l’autre, et qui nous feront
rêver longtemps encore.
SEPTIEME PARTIE
Son caractère canadien…
La musique country canadienne a généralement suivi le modèle de
celle des États-Unis mais elle a aussi développé certaines caractéristiques
distinctives. Du fait que les cultures ethniques n’aient pas été assimilées au
Canada comme elles le furent aux États-Unis, le folklore européen et les styles
de musique populaire ont eu une influence indéniable sur la musique country,
particulièrement dans l’Ouest. Ces influences sont bien visibles dans la musique
des accordéonistes Gaby Hass (Tchécoslovaquie), Walter Ostanek (Slovénie) et
Olaf Sveen (Norvège), des violoneux Al Cherny et Victor Pasowisty (Ukraine), de
la Carlton Showband, de Larry McKee and The Shandonairs et des Irish Rovers
(Irlande), ainsi que des Emarald, Polka Dots, Western Senators et D-Drifters 5
(Europe de l’est).
Les styles vocaux du country canadien diffèrent également de ceux des États-Unis
dans la mesure où ils utilisent des accents régionaux. Les chanteurs canadiens
ont généralement une voix plus grave et moins nasillarde que leurs collègues des
États-Unis, avec une prononciation plus nette, moins nonchalante et escamotée.
Le style canadien, particulièrement celui de Hank
Snow et de Wilf Carter a influencé à
son tour plusieurs chanteurs des États-Unis dont
Johnny Cash. Les sujets communs aux chansons country des États-Unis que
George Hamilton IV appelait "des fraudes
sur l’alcool, les femmes et l’errance" ne sont pas absents des chansons
canadiennes. Cependant, un plus grand nombre de chansons canadiennes restent
liées à la tradition de la "balade" de la musique folklorique nord américaine.
Comme beaucoup de ces chansons plaisent également à un auditoire non rural, il
existe au Canada une catégorie unique d’interprètes et de compositeurs (sans
équivalent important au États-Unis) populaires à la fois auprès des auditoires
ruraux et urbains. Parmi ceux-ci figurent Willie P. Bennett, Roy Forbes, les
Good Brothers, Gordon Lighfoot,
Murray McLauchlan, Colleen Peterson, Bob Ruzicka,
Ian Tyson,
Sylvia Tyson, Valdy et Sneezy Waters dont
quelques uns ont cherché à répondre, ces dernières années, aux goûts de
l’auditoire country en raison du temps d’antenne limité accordé au genre folk.
En retour, l’influence de la musique folk contemporaine est présente dans les
chansons des artistes country Dick Damron
et Gary Fjellgaard. Beaucoup de chansons country canadiennes ont été endisquées
par des musiciens américains. Parmi les plus populaires, on retrouve "Bluebird
on Your Windowsill" (Elisabeth Clarke), "Canadian Pacific" (Ray Griff), "Countryfield"
(Dick Damron), "Four Strong Winds" (Ian
Tyson), "The Ghost of Bras d’Or" (Charlie MacKinnon), "I’m Movin’ On" (Hank
Snow) » pour ne nommer que celles-là.
Au nombre des artistes nés au Canada et qui ont connu une carrière fructueuse
aux États-Unis se trouvent Wilf Carter
(sous le nom de Montana Slim), Don Devaney, Sonny Green, Ray Griff, Ernie Hagar,
Bob Nolan, Stu Phillips, Ronnie Prophet,
Bob Regan,
Lucille Starr,
Hank Snow et Scott Turner. Neil Young a fait
de la musique country un de ses principaux intérêts. Il a endisqué et fait des
tournées dans ce contexte au milieu des années 1980. D’autres Canadiens
connurent des succès sur disque aux États-Unis mais sont restés au Canada ou y
sont revenus. Il s’agit notamment de Gary Buck,
Tommy Hunter, K.D. Lang, Myrna Lorrie,
Anne Murray, Orval Prophet et Joyce
Smith ("Leave It On Your Mind", 1961). Parmi les interprètes nés aux États-Unis
qui ont longtemps vécu, travaillé ou enregistré au Canada figurent Harold "Lone
Pine" Breau et son épouse Betty Cody,
Ronnie Hawkins, Tom Russell et
George Hamilton IV, originaire de la
Caroline du Nord, qui a été, grâce à ses enregistrements et à ses émissions de
télévision, un ardent partisan de la musique country canadienne. Beaucoup de
Canadiens ont aussi connu la popularité en Europe dont :
Carroll Baker,
Dick Damron et Dallas Harms entre
autres. Certains ont commencé à y faire des tournées au milieu des années 1970.
Lucille Starr et les artistes associés
avec l’étiquette "Savannah" Gary Fjellgaard, les Good Brothers, Anita Peras
etc... y ont effectué la première de plusieurs visites à la fin des années 1980.
Au début de la décennie suivante, « K.D. Lang
et Anne Murray » ont conservé leur
statut international et plusieurs nouveaux musiciens ou groupes ont commencé à
susciter de l’intérêt aux États-Unis dont : Sharon Anderson, Blue Rodeo, Eagle
Feather, George Fox, Prairie Oyster, Brian Sklar,
Michelle Wright et LoriYates.
Infrastructures médiatiques au Canada…
La radio demeura un média utile pour les artistes country
jusqu’au milieu des années 1950, alors que les disques commencèrent à être
utilisés de façon généralisée. Ces disques étaient surtout américains, même si
la réglementation du CRTC mise en vigueur en 1970 rétablit dans une certaine
mesure l’équilibre de la programmation. Un sondage mené auprès de quelques 600
stations radio AM et FM au Canada en 1991 a déterminé qu’au moins 115 d’entre
elles mettaient au programme un certain pourcentage de country.
La musique country a occupé une petite place à l’horaire de la télévision
canadienne depuis 1952 avec "Holiday Ranch" à la SRC. Suivirent d’autres
émissions de la SRC qui présentèrent en vedette des artistes renommés tels
Messer, Phillips, Ganam, Hunter et Lorrie. Le "Tommy Hunter Show" a célébré sa
25e année en 1989. Ultérieurement, le réseau CTV offrit plusieurs séries de
courte durée, notamment "Cross Canada Barndance", en provenance de Halifax et
des émissions mettant en vedette King Ganam et Ronnie Prophet. Des émissions
relayées par plusieurs stations privées incluaient "At the Caribou" de Harry
Hibbs (1969 – 1975), "Don Messer’s Jubilee" (1969 – 1973) et "The
George Hamilton IV Show" (1972 – 1979),
toutes à la station"CHCH-TV de Hamilton, ainsi qu’une suite de séries mettant en
vedette la Family Brown et Ronnie Prophet à CJOH, Ottawa.
Au Québec, plusieurs interprètes animèrent des séries locales ou régionales,
notamment Louis Bilodeau avec "Soirée Canadienne" à CHLT, Sherbrooke (1960),
Gary Buck, Jerry et Jo’Anne, Willie
Lamothe, Tex Lecor, André Lejeune avec "À la canadienne" à la station CFTM,
Montréal (1972 – 1977), Lorrie, Ti-Blanc Richard, Ray St-Germain, Brian Sklar,
Ian Tyson,
Sylvia Tyson ainsi que plusieurs autres.
Des films documentaires ont été tournés sur Jean Carignan,
Wilf Carter, Cal Cavendish, Willie
Lamothe, Don Messer, Anne Murray,
Monsieur Pointu et d’autres. Le milieu de la musique country a servi d’ambiance
au film dramatique canadien "The Hard Part Begins" (1973) inspiré de la carrière
de l’auteur compositeur interprète Cliff Carroll, et à d’autres films mettant en
vedette Willie Lamothe et Marcel Martel.
La couverture de la musique country dans la presse fut, durant plusieurs années,
limitée à des articles occasionnels dans les journaux et revues. Des chroniques
canadiennes sont apparues dans des publications américaines, même si, détail
significatif, une chronique dans la "Country Song Roundup" (années 1950)
qualifiait souvent la musique canadienne de musique folklorique. Plus tard,
quelques publications canadiennes se spécialisèrent sur le sujet "Country
Gentleman" (Toronto, 1965), "Country Music Vanguard" (d’abord "The Underground",
Montréal, 1967 – 1969, 1971 – 1987), "World of Country Music" (Toronto 1972 –
1973), "Country Music News" (Langley, C.-B. 1972 – 1974), "Down Home" (Orangeville,
Ont., 1976 – 1981), "Country Music Connection" (Edmonton, 1976), "Fan Fair
Country Music Magazine" (Saint Catherines, Ont., 1980 – 1981), plus tard
"Jamboree Country Music, Capital Country News" (fondé à Ottawa en 1980 et
rebaptisé "Country Music News" en 1982), "Country" (né à Toronto en 1989) et
"Country Wave" (Vancouver 1991) partagent tous leurs articles à des degrés
variables entre interprètes canadiens et américains. "RPM", "The Record et
Country Music News" ont compilé et publié des palmarès de succès country. "RPM"
et "The Record », de même que "Billboard" (New York) sont examinés dans "Country
Canada" de Ted Kennedy (Kelowna, C.-B. 1989). Des biographies ont été écrites
sur ou par Carter, Hunter, Lamothe, Messer, Patrick Norman et Ti-Blanc Richard.
Une histoire complète du genre figure dans l’étude du CRTC "The Country Music
Industry in Canada" (Ottawa 1986).
La croissance de la musique country au Canada entraîna la création de plusieurs
organismes et événements au cours des années 1970 – 1980. "La Canadian Academy
of Country Music Entertainment" a été fondée en 1975 et a pris le nom de "Academy
of Country Music Entertainment" (ACME) en 1976. L’Association de la musique
country canadienne est née en 1986. "RPM" mit sur pied les "Big Country Awards"
en 1975. Ils furent abandonnés lorsque les deux organismes précités organisèrent
leur propre remise de prix en 1982, mais "RPM" les reprit en 1985. D’autres prix
ont été offerts par les regroupements de plusieurs provinces, comme les
"Manitoba Association of Country Arts Awards" et les "British Columbia Country
Music Awards" qui datent toutes deux de 1978. Au Québec, le "Willie", ainsi
nommé en l’honneur de Willie Lamothe, a été créé par l’Académie Country du
Québec, fondée en 1987. Dès leurs débuts, les "Juno Awards" et les trophées
"Félix" ont eu des catégories country. Les "Juno" pour les artistes et, de 1965
– 1974 pour les disques. Les "Félix", pour les disques seulement.
Les musiciens country ont également leur ‘"temples de la renommée" (Hall Of
Fame) aux niveaux nationaux, provinciaux et régionaux. Le "Hall of Honor de la
CCMA" a été établi en 1984 et "Wilf Carter",
Tommy Hunter, William Harold Moon (de BMI Canada) et Orval Prophet y ont été les
premiers admis, suivis de Don Messer et Hank Snow
(1985), Papa Joe Brown (1986), Lucille Starr
(1987), Jack Feeney (de RCA, 1988), Don Grashey et
Ian Tyson (1989), ainsi que Ron Spaling et
Gordie Tapp (1990). Le "Canadian Country Music Hall of Fame", mis sur pied en
1981 par Gary Buck ouvrit à Kitchener,
Ont., en 1989 avec l’admission de Brown, Carter, Messer,
Snow,
Starr, Tyson, Maurice Bolyer, Charlie
Chamberlain, Al Cherny, King Ganam, Ray Griff, Dallas Harms, Earl Heywood, Myrna
Lorrie, les Mercey Brothers, Bob Nolan, Marg Osborne, les Rhythm Pals et Gordie
Tapp » dans la catégorie des musiciens, ainsi que Feeney, Moon, Larry Delaney
(rédacteur en chef de "Country Music News"), Don Grashey et Hank Smith (premier
président de la "Canadian Academy of Country Music Entertainment") dans la
catégorie des "constructeurs". Des temples de la renommée ont été érigés dans la
vallée de l’Outaouais en 1981 et au Nouveau-Brunswick en 1983. D’autres
existaient en Alberta et en Saskatchewan en 1990. Le "Canadian Hall of Fame"
possède son propre lieu d’exposition, mais la plupart des temples le sont de nom
seulement.
Entre autres organismes canadiens, "l’Oldtime Country Music Club of Canada" a
été établi par Bob Fuller au "Blue Angel", un bar de Montréal ouvert en 1966. En
plus des cérémonies de remise de prix de la CCMA et des activités de la "Semaine
de la Musique Country", on retrouve certains événements notables dont plusieurs
festivals et concours, "Le Big Valley Jamboree" fondé en 1983 à Craven,
Saskachewan, a attiré des foules de 50 000 personnes venues applaudir des
musiciens du Canada et des États-Unis, ce qui en a fait l’un des plus importants
festivals country au monde. Parmi les événements plus petits, "l’All Star
Country Music Picknic and Rodeo" établi en 1977 à Innisfall, Alberta, et le
"Gatineau Clog" de Wayne Rostad, fondé en 1980 à Tucker Lake, près de Low,
Québec, ont connu une certaine popularité, tout comme le "Canadian Open Old Time
Fiddlers’ Contest", né en 1951, ainsi que le "Canadian Open Country Singing
Contest", mis sur pied en 1975 à Simcoe, Ont.. On a également pu entendre de la
musique country à plusieurs festivals folk, dans le cadre, au cours des années
1980, d’un retour aux sources dans la programmation.
HUITIEME PARTIE
La danse country
Un moyen d’Expression corporelle mais aussi culturelle…
Pour bien comprendre l’évolution de la danse country, sous ses
aspects les plus divers, aussi bien l’incorporation des rythmes dans sa
musicalité (Valse, Blues, Jazz, Cha Cha, Rumba,…), que la diversité des danses
(danse en ligne, de partenaires, de couple…), il faut s’attarder, un instant,
sur la danse au sens générique du terme, cette expression artistique et
culturelle.
La danse, est avant tout une expression corporelle, une suite de mouvements
exécutés en rythme, selon un certain ordre et généralement accompagnés d’une
musique, d’un chant. Mais la danse est plus qu’une expression individuelle, elle
devient un art, elle est parfois aussi un rituel, mais elle demeure avant tout
un divertissement.
Pratiquée par un groupe, elle devient une expression culturelle. Chaque peuple
danse avec une émotion différente, une gestuelle symbolique ou non, mais dans
tous les cas, la danse est révélatrice d’un mode de vie. C’est pourquoi
s’ajoutent aussi des accessoires tels que vêtements, ustensiles, chapeaux… qui
la singularisent.
Dès lors, la danse possède des aspects psychiques non négligeables. Les effets
de la danse vont au delà du simple plaisir corporel, puisqu’elle permet de
véhiculer des idées, des émotions, voire même de l’histoire. Elle apporte
surtout un très net sentiment d’appartenance et d’unité à un groupe animé par
les mêmes mouvements et un rythme commun.
Ces racines profondes…
Un rien d’imagination est nécessaire pour se représenter la vie
des premiers immigrants irlandais, écossais, anglais, auxquels s’adjoignent
allemands et français, mais on comprend facilement que cette vie de pionniers
qui défrichent, cultivent, explorent, bâtissent, ne réservait que peu de temps
aux loisirs et à la rêverie. Alors quand, à l’occasion des fêtes familiales ou
villageoises, le moment était venu de sortir le violon, le pipeau, c’était aussi
l’instant privilégié pour chanter et danser en oubliant le dur labeur. C’est
ainsi que la danse country a trouvé ses sources profondes dans les folklores
irlandais et écossais, en parallèle avec la musique country née dans la région
des montagnes Appalaches au cours du 18ème siècle.
C’est l’époque de la Old Time Music, principalement exécutée sur les seuls
instruments que les immigrants avaient emportés avec eux et qui étaient
facilement transportables en leur vie de nomades : le violon principalement et
quelques flûtes champêtres. Musique aux accents nostalgiques, rêverie des terres
lointaines… peut-être, mais aussi aux rythmes syncopés qui empruntaient ses
premiers airs aux différentes danses du folklore irlandais, enrichis des autres
musiques populaires. Cette musique qui accompagnait les fêtes villageoises et
familiales a donné naissance à la toute première expression de la danse country
en couple.
Cette musique "rurale" pour "country" va vite trouver son originalité dans le
sud des États-Unis, dans la région des plantations et du mélange de populations
venues d’horizons très différentes avec chacune ses propres traditions. C’est
ainsi que cette danse de couple va rapidement intégrer une grande diversité de
pas, de figures, de chorégraphies, témoin de la diversité de ses influences
culturelles, en même temps que de nouveaux instruments à cordes, tels que
mandoline, guitare sèche, banjo font leur apparition. C’est l’époque de la
conquête de l’Ouest, des Cow-boys, des chevaux, des bottes de cuir, des
chapeaux. Le décor de la danse country y trouve son origine.
Ces danses en couple, pouvaient être exécutées en cercle, en frappant des mains,
parce qu’elles étaient très influencées par la Square Dance anglaise, avec des
couples qui s’échangent, les "mixer" que l’on trouve toujours dans la country et
par le Quadrille français, qu’introduisent les immigrants de ces pays.
L’influence irlandaise aussi, notamment de la Gigue, danse paysanne irlandaise
dansée avec des sabots, ce qui provoquait un bruit rythmique, qui bien plus
tard, américanisée, deviendra le Tap Dance, danse de claquettes, aujourd’hui
redevenu très en vogue.
En même temps que la Danse de couple traditionnelle évoluait vers une danse plus
chorégraphiée, à plusieurs couples, devenant la "Square Dance", les cow-boys
solitaires, qui de ranch en ranch avaient souvent une vie de nomades,
s’associèrent aux danses, en dansant seul mais formant un groupe, en imitant les
pas et figures des danseurs de couple. Ils donnèrent naissance à ce formidable
courant qui prit bien plus tard, au fur et à mesure de son organisation, le nom
de "Danse en Ligne".
Un grand courant d’expression de danse était né, en même temps que beaucoup
d’autres expressions artistiques et corporelles qui vont jusqu’à la fin du 19ème
siècle asseoir chacune les bases techniques et artistiques des danses qui vont
connaître leur pleine maturité dès le début du 20ème siècle, période
à laquelle une véritable explosion musicale donnera naissance à bien des
nouveaux styles. Cette diversité musicale essentiellement née du formidable "Melting
Pot" des populations et des cultures de cette Amérique en pleine expansion a été
rendue possible par l’évolution sans précédent des instruments de musique qui
offraient par leur diversité les moyens d’un support illimité dans l’expression
musicale, et donc dans son prolongement naturel, la danse.
Mais comment expliquer qu’un siècle plus tard, aujourd’hui donc, la vieille
Danse Country, expression rurale, soit toujours aussi prisée, peut-être encore
davantage, par des populations éminemment urbaines ? Non, ce n’est sûrement pas
un mystère !
Un passé récent…
Si elle a su durer à travers le 20ème siècle par son
incomparable révolution musicale et artistique, c’est que la Danse Country a su
s’adapter aux nouvelles tendances, se complexifier dans sa technique pour la
rendre attrayante, épouser les courants musicaux pour maintenir sa modernité.
Elle a donc su évoluer sans pour autant perdre son caractère original qui, aux
accents de Polka, de Mazurka, de Valse lui confère aujourd’hui encore toute sa
particularité.
Aux États-Unis, en ce début de 20ème siècle, les apports très
diversifiés des populations immigrées donnèrent naissance, en se conjuguant, à
de multiples formes de danses populaires qui vinrent reléguer Valse, Mazurka,
Polka , au rang de danses d’origine paysanne. Apparurent Square Dance, Tap
Dance, puis avec l’évolution des courants musicaux, Fox-Trot, et les rythmes
latino-américains, Rumba, Tango, Cha Cha, Salsa.
Les mouvements syncopés et très rythmés des danses afro-américaines devinrent
également très populaires avant la 2ème guerre; Cakewalk et
Charleston sont des danses issues de ces courants, qui vont également venir
influencer la "vieille" danse country.
Période faste, s’il en est, que cette première partie du 20ème
siècle, dans l’évolution des danses Lindy Hop, Jitterbug, Boogie Woogie, Jive,
Méringué . Venant des États-Unis, apportés par les soldats et les nouvelles
transmissions, de plus en plus de danses inédites, aux accents de Swing, de
Boogie, de Blues et de Jazz firent leur entrée en Europe dans les bals
populaires. Mais c’est incontestablement, dès les années 1950, issu du Be-Bop,
que le Rock ‘n' Roll va prendre, pour longtemps, la première place, que ne
détrôneront pas les autres danses, comme le Twist ou le Hully Gully.
En Europe une danse va faire connaître, indirectement, le style "Danse Country"
en 1962. Parce qu’elle se danse en ligne, parce qu’elle se danse en groupe,
parce qu’elle offre cette convivialité, cet esprit de communion entre les
danseurs qui exécutent au même rythme les mêmes pas : il s’agit du Madison. Le
très grand succès de cette danse, à la chorégraphie simple mais précise s’est
confirmé depuis, dans toutes les manifestations dansantes, quand un air de style
country était joué. Le film "West Side Story" a largement contribué à sa
diffusion. C’est d’autant plus étonnant dans un contexte marqué par une
évolution des danses d’expression "individualiste" tels que Jerk, Reggae, Pop où
le danseur évolue seul au gré de son inspiration, sans chorégraphie précise.
Dans les années 1980, dans les quartiers populaires naît le Break Dance, danse
très acrobatique, exécutée en solitaire au milieu d’un groupe, au rythme de la
"Hip Hop", musique très cadencée. La musique n’a cessé d’évoluer, l’homme ne
cessera d’inventer de nouvelles danses.
C’est dans ce contexte pourtant mouvementé que la Danse Country, loin de
disparaître a su maintenir sa spécificité au point de connaître un net regain,
notamment en Belgique, Allemagne et Royaume-Unis qui sont parmi les nations les
plus dynamiques aujourd’hui.
NEUVIEME PARTIE
La danse country
La renaissance…
Tout simplement, n’en déplaise aux puristes, la Danse Country a
su réussir l’intégration des accents nouveaux à travers son histoire, et loin de
rester figé, ce loisir a incorporé les spécificités des nouvelles danses,
poursuivant ainsi son évolution. Le West Coast Swing, Boogie, Cha Cha, East
Coast Swing, tous ces styles viennent complémenter les "Classiques" et sa
diversité. Les danses en ligne, de couple et de partenaires deviennent alors
garantes de son succès.
Au Québec, c’est à la fin des années 1980 et début des années 1990 que la Danse
Country fait son apparition. Les états du Sud et de l’Ouest américain attirent
de plus en plus le tourisme de chez nous, tous à la recherche de nouveautés et
surtout venus faire le plein de soleil. Plusieurs y découvrent ce style de
musique que l’on appelle "Country", interprété soit par des groupes ou bien des
individus et sur lequel de nombreuses personnes démontrent leur talent de
danseurs sur une chorégraphie bien établie. Ils découvrent alors cette forme d'
art que l’on appelle "Danse Country". Ils en reviendront emballés et prêts à
tout pour satisfaire leur curiosité et aussi leur appétit. Pour ce faire,
plusieurs n’hésiteront pas à faire des voyages outre frontière à tous les mois,
allant même jusqu’à Nashville pour y apprendre les toutes dernières
chorégraphies. Une tendance vient de naître, et par le fait même une demande est
créée. On voit dès lors apparaître les premières écoles de Danse Country au
Québec.
Nous en sommes également aux premières années des "Festivals Country". Certes,
quelques-uns roulent leur bosse depuis déjà un certain temps. Mais un phénomène
nouveau apparaît vers les années 1992. Pour combler les intermissions lors des
spectacles, on commence à y diffuser de la Musique Country, mais pas n’importe
laquelle, celle de nos voisins du Sud. Le succès est instantané, les planchers
de danse se remplissent, en grande partie bien sûr de débutants, mais n’était-ce
pas là un moyen de faire connaître ce nouveau style de danse.
Plusieurs peuvent certainement revendiquer l’apparition sinon la naissance de la
Danse Country au Québec, mais peu sont ceux qui étaient en mesure de prédire son
évolution, telle que nous la connaissons aujourd’hui; un mouvement qui n’aura de
cesse de s’accentuer. Les années qui suivront verront naître un courant sans
précédent.
Dans la même veine, on ne peut en dire autant pour ce qui est des nombreux bars
avec salles de danse qui voient le jour. Leur longévité est plus qu’éphémère.
Trop peu trop tard, la Danse Country n’a pas encore atteint cette maturité qui
règne chez nos voisins du sud. Le nombre d’adeptes ne permet pas de maintenir
toutes ces salles en vie. Certains rivaliseront d’ingéniosité, allant même à
faire venir des artistes de la chanson country des États-Unis. Les années qui
suivront verront s’éteindre, un après l’autre, une grande partie de ces bars, au
profit des salles de danse que nous connaissons aujourd’hui.
Aujourd’hui…
Après une évolution remarquable, difficile de dire à combien se
chiffre le nombre d’écoles de Danse Country au Québec. Encore-là, rien ne vient
recenser cette évolution de plus d’une décennie. Les plus audacieux vous diront
que ce nombre se situe à près de 300 écoles. Difficile à croire ! Il serait
illusoire de prétendre détenir la vérité sur le nombre exact d’écoles qui ont
pignon sur rue, malgré qu’il est plus probable que ce chiffre se situe aux
environs de 200.
Aujourd’hui, le nombre d’adeptes de la Danse Country se chiffre par milliers,
pour ne pas dire par dizaines de milliers. Cette vague qui déferle sur nous voit
naître annuellement plusieurs centaines de nouveaux adeptes et en voit aussi
malheureusement disparaître. Ce courant suit indéniablement la même courbe de
progression que celle des écoles de danse. Nous pouvons appeler cela le jeu de
l’offre et de la demande.
La nette augmentation du nombre de festivals country au cours des dernières
années a certainement permis de faire évoluer encore plus la Danse Country. Un
effet "boule de neige" a été créé. Du petit nombre qu’ils étaient au début des
années 1990, ce nombre a été multiplié pour ainsi dire par dix. On décèle certes
l’appât du gain pour certains; pour d’autres, on y voit plus une bonne source de
financement pour des oeuvres diverses. Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui la
grande majorité d’entre ces festivals font leur part annuellement pour
promouvoir la Danse Country , en érigeant un chapiteau dédié spécifiquement à ce
style de danse. De nombreuses écoles profitent d’ailleurs de cette fenêtre
extraordinaire pour faire la promotion de leurs cours et soirées et ainsi
montrer au public en général, ce grand plaisir qu’est ce loisir.
Depuis quelques années, on voit naître des festivals dédiés particulièrement à
la Danse Country. Sans doute un besoin qui se faisait sentir, ne serait-ce que
de par les coûts d’admission demandés par les festivals conventionnels. Est-ce
une riposte? L’avenir nous le dira. Il est encore trop tôt pour évaluer toutes
les répercussions qu’auront ces festivals nouveau genre vis-à-vis ceux qui sont
bien établis. Mais à première vue, le cheminement semble bien enclenché,
puisqu’on peut facilement multiplier ce nombre par 2 annuellement.
Les Ateliers, Workshops, Méga, 12 heures auront eux aussi permis en grande
partie cette évolution fulgurante. Avec une diffusion innovatrice, où l‘on y
dévoile de nouvelles danses chorégraphiées par des gens du Québec, mais aussi
d’ailleurs, on a créé cet engouement, que de nombreux professeurs mais aussi et
surtout bon nombre d’adeptes de la Danse Country au Québec recherchaient.
Que dire de nos chorégraphes québécois, si ce n’est qu’au début des années 1990,
la grande majorité des chorégraphies enseignées nous provenaient, soient des
États-Unis, d’Angleterre, d’Europe ou du Canada anglais. Ce ne sera que quelques
années plus tard que nous verrons apparaître les premières chorégraphies conçues
par des gens d’ici. On peut dès lors compter les chorégraphes du Québec sur les
doigts d’une seule main. Pourtant, ils sont bien là. Du petit nombre qu’ils
étaient au début, ils n’auront de cesse d’augmenter, suivant ainsi cette courbe
vers la hausse qui touche les écoles de danse et par le fait même, les danseurs.
De nos jours, plus de 50% des danses enseignées sont le fruit de chorégraphes
québécois. Un succès sans précédent, si l’on considère que bon nombre de ces
chorégraphies ont dépassé nos frontières.
Les salles de danse sont maintenant roi et maître. Aujourd’hui, pratiquement
chaque salle de danse a son école attitrée. La guerre que se faisaient les bars
au début des années 1990 a maintenant fait place à des points de rencontre où
les danseurs socialisent tout en pratiquant les nouveautés enseignées. Le bon
voisinage est de mise et tous en tirent un avantage certain.
Dans un autre contexte, la Danse Country a su s’adapter à un autre élément de
taille. Cet élément s’appelle l’Internet. Si cette dernière en est rendue là où
elle est aujourd’hui, c’est aussi en grande partie grâce à l’Internet. Ce qui
était long et fastidieux au début est devenu tellement plus facile. D’un simple
toucher, il est possible maintenant d’obtenir une foule de renseignements sur
tout ce qui concerne la Danse Country. Les écoles de danse se sont elles aussi
mises à la page. Qui n’a pas son adresse Internet aujourd’hui. La venue, au
cours des dernières années, de sites spécialisés en Danse Country a aussi
grandement contribué à l’évolution de la danse comme telle, mais surtout à celle
du danseur. Toujours soucieux d’approfondir ses connaissances "l’Internaute
danseur" peut y retrouver toutes sortes d’informations dans le but de mieux se
renseigner et par le fait-même être aidé à faire un choix des plus judicieux.
Personne ne peut en douter; l’Internet aura encore son mot à dire dans
l’évolution de la Danse Country pour plusieurs années…
Conclusion…
Je termine en espérant vous en avoir appris un peu plus sur la Musique Country. Son histoire est bien présente et personne ne peut l’ignorer. En ce qui a trait à la Danse Country, son passé est beaucoup plus récent que l’on ne saurait le croire. Sa courte histoire est maintenant écrite, la suite reste à venir. Nul doute que nous y serons pour quelque chose dans cinq ans… dix ans… qui sait…